Un attentat au colis piégé touche la police grecque à la tête
ALEXIA KEFALAS ATHÈNES
Le Figaro
26 juin 2010

TERRORISME Le porte-parole de la police grecque Thanassis Kokkalakis, est catégorique « cet attentat terroriste avait un seul but: tuer» . L’explosion du colis piégé de jeudi soir, à quelques mètres du bureau du ministre de la Protection civile, aura
coûté la vie à son chef de la sécurité : Georges Vassilakis, 52 ans, qui travaillait aux côtés du ministre depuis plusieurs années. « La bombe visait certainement le ministre» , ajoute Thanassis Kokkalakis, « il est à l’origine du démantèlement de l’organisation terroriste du 17 novembre, en 2003, et depuis son retour au ministère, il y a neuf mois, nous menons une politique antiterroriste des plus drastiques» . La police enquête sur plusieurs pistes dont celle de la «lutte révolutionnaire» (EA), appartenant à la liste des groupes terroristes référencés par l’Union européenne, mais n’exclut pas l’apparition d’une nouvelle organisation. « Il n’y a eu aucune menace préalable, ni revendication pour le moment et il est difficile d’avoir des traces de ce colis puisque l’explosion a tout détruit dans le bureau», conclut-il. Dans l’opinion publique, c’est la consternation et une question taraude la presse nationale: comment un tel colis a-t-il pu arriver au septième étage du bâtiment le mieux gardé de Grèce, au siège de la police ? Les critiques pleuvent sur la gestion des forces de l’ordre, les contrôles des entrées du ministère et plus largement la menace qui pèse sur l’État.

Climat social tendu

Les commentateurs s’interrogent sur l’origine de ce drame qui intervient dans un climat social des plus tendus. Selon l’expert en terrorisme Athanasios Drougos, « il y a peut-être là un message de colère là où les grèves et manifestations répétées n’ont pas d’écho. Mais au-delà de la tragédie, cet attentat est intervenu la veille du vote de la réforme des retraites au gouvernement. Quand une menace pèse sur la sécurité du pays, il est rare de s’opposer aux réformes, malgré les tensions au sein du gouvernement », insistet-il. La réforme des retraites a été adoptée en Conseil des ministres et sera soumise mardi au Parlement, jour de la grève générale. En attendant, les forces de l’ordre sont sur le qui-vive pour éviter tout nouvel attentat.

Pour Dimitri Bekiaris, analyste en sécurité intérieure, ce n’est qu’un début, « le terrorisme ne meurt jamais en Grèce», souligne-t-il. « Cet attentat est le point de départ de nouvelles violences dans la société. Il avait pour but de déstabiliser l’intégralité du système politique et économique. Il porte un message clair, une menace pour tous ceux qui veulent investir en Grèce, une forme de nationalisme qui devient de plus en plus violent» , déplore-t-il. Les résultats de l’enquête sont attendus en début de semaine prochaine. 


 


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